Ce constat n’est pas le fruit du hasard ni de la conjoncture. Depuis deux décennies, l’Europe s’est engagée progressivement dans une stratégie de transition énergétique. Du lancement du marché du carbone en 2005 au « Green deal » présenté par la Commission en 2019 et visant la neutralité carbone à horizon 2050, la constance des décisions prises au niveau européen est à relever.
Surtout, le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022, a incontestablement accéléré la prise de conscience des dirigeants européens. Si la crise énergétique consécutive à l’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis en évidence la vulnérabilité de l’Europe, l’UE a riposté en lançant, en mai 2022, son plan « REPowerEU », un texte ambitieux visant à réduire la dépendance au gaz et pétrole russes. Une enveloppe de 210 milliards d’euros a été mobilisée pour moderniser les infrastructures et soutenir l’innovation. Il s’agit à la fois d’une réponse conjoncturelle à la crise mais aussi d’un levier stratégique pour assurer l’indépendance énergétique de l’Europe. Parmi les objectifs fixés, l’accélération du déploiement des énergies renouvelables vise à parvenir à 45% d’ENR dans le mix énergétique, d’ici 2030. A chaque pays ensuite, selon ses capacités d’approvisionnement, ses atouts géographiques, son histoire (gaz, hydraulique, nucléaire etc.) de mettre en œuvre sa stratégie. L’‘application des objectifs communs à l’échelle européenne ne peut s’inscrire dans un processus uniforme.
En Europe, objectif climatique et objectif stratégique d’indépendance vont de pair
Pour réussir cette transition énergétique, le levier central passe incontestablement à long terme par l’électrification massif des usages. Seule une substitution efficace permettra, en effet, de réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Certes, le photovoltaïque et l’éolien sont devenus, dès 2022, les premières sources de production d’électricité en Europe. En 2023, en y ajoutant l’hydroélectricité, la production d’électricité d’origine renouvelable a atteint un record de 44,7% du mix énergétique. En France par exemple, selon la feuille de route fixée par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), il faudrait parvenir à diminuer de 40% l’énergie consommée d’ici 2050 avec des énergies fossiles réduites quasiment à néant dans le nouveau mix énergétique. La route est encore longue et les obstacles, en attendant cette échéance, ne manqueront pas. L’actualité géopolitique des dernières semaines nous en offre l’illustration.
Annoncé début mars par la Commission européenne dans un contexte de tension avec la nouvelle administration américaine au sujet de la guerre en Ukraine, le plan de 800 milliards d’euros en faveur de la défense pose en effet la question de l’allocation des ressources. Le soutien public aux énergies renouvelables pourrait être ainsi réduit, au profit d’investissements prioritaires dans l’industrie de la défense. Mais cela ne doit pas entamer les efforts menés en faveur de la transition énergétique alors que l’objectif climatique et l’objectif stratégique d’indépendance coïncident parfaitement pour les pays de l’Union Européenne. En revanche, le nouveau contexte géopolitique impose aux investisseurs une sélectivité accrue dans le choix des projets financés, en particulier en privilégiant ceux étant intégrés au fonctionnement de marché ou ayant déjà sécurisé leurs subventions.
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